Depuis ma toute première mission de soutien scolaire à Madagascar, j’ai toujours été déchirée de quitter « mes » élèves, « mes » enfants, et ce pays que j’aime tant.
Après ce quatrième voyage de solidarité internationale, c’est aux femmes et aux hommes de ce pays auquel je tiens tout particulièrement à rendre hommage.
L’avion n’a pas encore atterri et après avoir essuyé mes larmes, j’ai saisi mon petit carnet de bord, et j’ai écrit, pleuré et écrit. Je voulais à travers ce billet, saluer Pierrette, l’animatrice du Clef (Centre Local d’Echanges Francophones) de l’école Normale de Mahajunga où j’étais basée, qui, avec son unique salaire et sa volonté, fait vivre huit personnes sous son toit.
Remercier également, de tout cœur, John, mon guide, mon « Indiana John », pour m’avoir fait vivre des expériences que je n’aurai jamais imaginées – et encore moins avoir le courage – de réaliser. En quittant Paris, je m’étais projetée en voulant visiter, les extraordinaires grottes d’Anjohibé. Patiemment, deux heures durant, il m’a fait descendre à moins 35 m sous terre, avec pour seul éclairage nos deux petites lampes frontales. Il m’a guidée dans ce labyrinthe couleur encre, main dans la main d’abord pour éviter toute glissade liée au fort taux d’humidité, puis, main dans la main, par amitié. Il m’a fait marcher en canard pour passer sous des rochers, des stalagtiques, avant de me convaincre de ramper et m’engouffrer, ventre à terre, dans un boyau étroit, un trou de souris, pour découvrir dans ses profondeurs, une pirogue échouée. Je l’ai fait ! Je lui ai fait confiance. Et quand je l’ai remercié « 1 000 fois », « 1 000 encore », il me répondait « merci 10 000 fois à toi, pour ta confiance, ton enthousiasme et ton sourire ».
L’avion file et mes larmes continuent de couler. Je ne veux pas atterrir, … au propre comme au figuré.
J’aime ce peuple, si touchant, si vrai, si battant, si courageux, … et si pudique.
J’ai vu de jeunes enfants pousser des charrettes en bois sur des routes assommées par un soleil de plomb.
J’ai croisé tous les soirs en quittant l’école, une vieille dame frêle, assise par terre, toujours à la même place, le regard vitreux, … et digne, si digne. Je l’ai saluée et glissé dans sa main cristal, quelques billets d’adieu.
J’ai croisé, sur l’interminable route qui me ramenait à Tana la capitale, une dame sans âge, assise au pied d’un arbre planté au cœur de son village. Nos regards se sont croisés, intenses. Elle avait un sourire magnifique, elle irradiait. Je lui ai fait un signe de la main – elle me l’a rendu, jusqu’à ce que nos regards, nos bras tendus se perdent. J’aurais tant aimé l’approcher, la regarder encore, tout simplement, avec douceur, bienveillance, … et connaître son histoire, avec pudeur.
Comment tiennent-ils ?
D’où tirent-ils cette force intérieure ?
John m’a fait l’honneur de passer à l’école pour me dire au revoir et me remettre quelques souvenirs malgaches en main propre. Pour ne rien oublier.
Je lui ai demandé une faveur : parler à mes élèves de CE, des grottes d’Anjohibé. Leur parler de ces fascinantes sculptures millénaires, que j’espère, ils découvriront un jour. Je lui ai demandé de leur raconter tout cela en malgache, pour qu’ils s’imprègnent bien de toutes ces riches informations, des richesses de leur pays, de leur patrimoine. Il s’est plié au jeu avec une extrême gentillesse, pédagogie. Vous auriez vu la tête de mes enfants, de mes amours ! C’était whaouhhh, et tellement drôle. Encore un cadeau !
Aucune mission ne ressemble à la précédente, … et j’en redemande chaque année.
Elles sont uniques, riches d’expériences, riches humainement, fortes de rencontres dont certaines bouleversantes.
Docteur, Mino, Noah et Bienvenue
Si chaque année, les enfants m’ont fait chavirer, John, tu auras marqué ce voyage à tout jamais, en me permettant de surpasser mes peurs intérieures.
Alors, permettez-moi de surenchérir encore, et vous dire, à chacun d’entre vous, à vous tous,
« MERCI, … DES MILLIONS, DES MILLIONS DE FOIS ! »
Gérard
Comme tu en parles bien. Tu sais si bien nous communiquer ton enthousiasme et la douce chaleur de ton cœur.
A mon tour de te dire mille mercis et toute mon admiration.
Et même si je parais quelque peu en retrait tous ces derniers temps, mon regard a essayé de ne pas manquer une seule de tes si belles photos de Mada, tes sourires, et ceux de « tes » enfants !!!!
Bises !
Gérard D
NIC
La dernière photo de ces regards et sourires pétillants RESUME TOUT!!!
Chapeau bas Sophie. Toutes ces missions nourrissent le bien être. MERCI pour ce partage. Comme il serait bon que bien des gens lisent ce témoignage dans notre société bien malade.
Belle reprise dans le quotidien portée par cette chaleur humaine vécue.
NIC
Melimelo 78
J’adore lire vos expériences. Elles sont tellement riches et touchantes. Ça m’a donné envie de pleurer pour vous.
Je crois que vous faites ce que j’ai toujours rêvé de faire …. Vos émotions me rappellent les émotions que j’ai vécues et ressenties en allant en Côte d’Ivoire, il y a maintenant 17 ans.
Merci Sophie et bienvenue de nouveau parmi nous. A bientôt de vous lire !!!
Mélika V
Marie Duchet
Moi aussi Sophie je vous remercie pour ces petites pépites d’humanité que vous ramenez dans vos bagages. Nous partageons tous ces mêmes valeurs ici aussi, mais nous les avons trop souvent remisées au grenier de notre enfance. Alors merci de nous avoir aidés à les exhumer !
Marie D
Karin
Sophie, la plus belle des Vazas,
Merci pour cet article. Tu as le don d’exprimer des sentiments si compliqués à décrire et cela montre aussi que tu fais partie des rares personnes capables de savourer chaque instant.
Bravo pour cette 4ème mission, je t’ai déjà vue à l’oeuvre, je suis sûre que tu as émerveilllé ces enfants.
Bisous et à bientôt.
Karin B
La Châteleine
Merci pour ce beau récit Sophie.
Oui le peuple malgache est rayonnant et ce pays, une pépite … . MERCI !
Mélanie L
http://www.quiavolelestartes.com/blog
Pierre du plus beau pays du monde...La Creuse !
Merci Sophie tant il n’y a pas plus contagieux que l’exemple, à fortiori quand il est issu d’une vraie chaleur, d’une vraie générosité, d’un sens aiguë et Ô combien nécessaire de l’Autre.
Le poète nous dit que cueillir une fleur c’est perturber une étoile, de façon visible ou pas puisque tout étant relié, l’inverse ne saurait donc être faux… s’unir vers l’unis …
Pierre B
Florine Duquesnoy
Bonjour Sophie,
Première visite sur votre blog dont une connaissance m’a parlé pour venir voir vos articles concernant vos voyages humanitaires.
Je rêve d’en faire un !
Je voulais savoir si vous faites partie d’une association ou si vous les réalisez seule et également si vous aviez besoin de personneq qui vous accompagnent ?
Merci d’avance pour votre réponse.
Florine D
Sophie
Bonjour,
Merci pour votre mail.
Je suis partie 4 fois à Madagascar dans le cadre des congés solidaires. Il s’agit d’un partenariat entre mon entreprise et une ONG.
L’employé fait cadeau de ses jours de congés et l’entreprise prend en charge tout ou partie des frais inhérents au voyage et à la mission en accord avec cette ONG.
Par ce biais, je suis libre de choisir le pays et la mission d’intervention.
En espérant avoir répondu à votre demande,
Sincèrement,
Sophie
Alex Deblois
JE regarde le match de rugby mais j’ai lu votre témoignage.
Très beau, magnifiquement écris où l’émotion est palpable.
BRAVO !
Merci du partage !
Magnifiques photos !
Alex D