Résilience

 

A l’unanimité, on se le répétera tous, « quelle foutue année ! ».

2020 a été l’année du Coronavirus. Ce virus aura fait très fort en occupant toute l’actualité, quel que soit le média, son support, en suspendant notre temps à son bon vouloir, contre notre volonté, tout autour de notre terre, abattant les frontières, les unes après les autres. Vraiment trop fort !

Avec son arrivée, les gens se sont calfeutrés chez eux. Les bureaux se sont vidés du jour au lendemain. Je n’ai pas pu dire au revoir à mes anciens collègues après plus de vingt ans passés à leur côté, avant mon transfert au sein d’un nouveau groupe. Une arrivée virtuelle le 1er avril dernier. Plus qu’un poisson, du jamais vu ! J’ai comme beaucoup, découvert le télétravail, fait la connaissance de Teams, suivi des réunions « entourée » virtuellement, échangeant avec de parfaits inconnus, appliquant du jour au lendemain des process différents des miens, … tout en m’accrochant aux peu de repères qui me restaient.

Les boutiques, restaurants et autres lieux de convivialités, de vie, de plaisirs, de culture qui diffusent rires et chaleur humaine ont fermé leurs portes les uns après les autres, pendant que la planète affichait ouvertement et quotidiennement, son lot de morts.

 

Je ne vous cache pas que les premiers jours ont été synonymes de plaisir. A courir après plusieurs métiers en même temps, à cumuler plusieurs obligations et à m’obliger de respecter un agenda de ministre que finalement je m’imposais, j’étais cette fois contrainte de m’enfermer dans mon Home Sweet Home. J’allais devoir vivre entre ces murs décorés avec soin, déjeuner et même bronzer sur ma terrasse verdoyante que je chouchoutais par goût, sans jusque-là en profiter véritablement. En un mot, j’allais devoir lever le pied, me réapproprier mon chez moi et faire en sorte qu’il ne soit plus un simple et agréable dortoir. J’étais dans l’obligation de me reconnecter à moi-même. Quelle ironie !

Au fil des jours et en dehors de mon job, j’ai renoué avec le silence et la lecture. Refait ami avec ce plaisir et dévoré tous ces livres longtemps accumulés et mis de côté en attendant qu’un jour … . Ces jours sont arrivés. Je me suis obligée à m’assoir et lire. Lire tôt le matin en scrutant le ciel, guettant le lever du soleil, à ma pause déjeuner, au coucher de mon astre favori, une grande tasse de thé à la main. Ecrire aussi.

J’ai fait la connaissance de mes nouveaux camarades de jeu, toujours plus nombreux chaque jour derrière nos écrans respectifs. Le niveau est élevé, le ton aimable et décontracté. Des gens charmants, soudés et étonnamment bienveillants. Gardé le contact avec ma fidèle voisine et amie – je cuisinais, elle ouvrait une bouteille de l’autre côté de la parois de verre qui séparait nos jardins suspendus – et l’on a trinqué à distance au corps médical que l’on redécouvrait, à des jours meilleurs, à la Vie, à notre indéfectible amitié … et à tous ceux que l’on aimait mais que l’on ne pouvait approcher.

… Et l’on se surprend à fondre en larmes, parfois, en silence, tout en travaillant, comme ça, sans raison apparente.

Quelle drôle d’année !

 

 

Et puis, il y a eu ces lueurs d’espoir. On découvre – en alternance avec le télétravail – les luxueux locaux de ce groupe, leader mondial de la beauté. On se programme masqué des vacances … en France. Je découvre Sète et adore Collioure. On revient confiant à la vie, on tente d’oublier ses peurs, on se re-fabrique une routine que l’on avait mise de côté, comme par amnésie.

Pleine d’espoirs, j’ai lancé les « Samedis de Sophie » en octobre dernier. Un partage de compétences entre cuisinière avertie et œnologue passionné. Des cours donnés en présentiel (c’est bien comme ça que je m’exprime le mieux) pour transmettre, rire, découvrir, goûter dans la générosité, les yeux dans les yeux. Un mix gagnant avant … un re-confinement.

Et puis, il y a eu les élections américaines. Un rare moment de l’année (pour ne pas dire l’unique) où je me suis dit qu’enfin le monde n’était pas si fou que ça. Où la confiance et l’estime dans le genre humain est réapparu, comme un faible faisceau de lumière au bout d’un long tunnel. Tout n’était pas perdu … même si tout est à reconstruire.

Et voilà que cette drôle d’année s’achève, avec tout naturellement son lot d’espoirs, de perspectives, de projections propres au genre humain …. et la création d’un vaccin qui devrait éradiquer cette saloperie. L’espoir aussi de pouvoir intégrer physiquement cette sympathique équipe Care et découvrir tous leurs rouages. Y aller, mais y aller vraiment !

 

Parce que je veux croire en des jours meilleurs, à un retour à la « normale », un jour proche.

Parce que je veux du fond du cœur pouvoir enlacer enfin tous ceux que j’aime infiniment, sans masque et sans peur.

Parce que je veux partager une pizza et entendre, au milieu des éclats de rire, le bouchon d’une bonne bouteille synonyme là encore, de joie et de complicité.

Parce que je veux lancer les « Samedis de Sophie » et m’attabler avec ces nouveaux clients qui m’ont fait confiance le temps d’une matinée ; partager leurs réalisations et les retrouver lors d’un prochain cours. Plus que des cours de cuisine, je souhaite créer un véritable Club d’amis, de connaissances, créer « ma maison du bonheur », … en toute simplicité et spontanéité.

Parce que la Vie c’est tout ça. Parce qu’elle doit être Solidarité, Partage, Ecoute, Générosité et Amour,

Parce que je suis toujours vivante.

 

J’en formule le vœu !